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Les essais n'ont pas de secrets pour le technicien d'expérimentation

Thierno Sy suit le bon déroulement des essais. Il partage son temps entre les serres et le bureau, où il enregistre ses interventions et rédige des synthèses.

En poste au CDHR Centre, station du réseau Astredhor Loire Bretagne, depuis un an, Thierno Sy apprécie tout particulièrement l'alliance entre production et recherche appliquée.

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Près d'Orléans (45), au CDHRC (Comité de développement horticole de la région Centre), Thierno Sy enregistre les derniers traitements qu'il vient d'effectuer : en tant que technicien d'expérimentation, il suit les essais de A à Z. Pourtant, il n'était pas destiné à ce métier. Titulaire d'un Deug (bac + 2) en mathématiques appliquées, il intègre l'École nationale des cadres ruraux au Sénégal, avant de se lancer dans plusieurs années de coopération internationale. En 2004, il décroche un concours et vient en France pour suivre un master en développement agricole à l'École supérieure d'agronomie de Montpellier (34). En stage à l'Inra, en Camargue, il développe un goût prononcé pour la recherche fondamentale et l'innovation ; il met en place des essais pour diminuer les doses de pesticides sur le blé, le riz et le sorgho. Il rejoint ensuite sa famille à Caen (14), où il trouve un poste d'enseignant au centre de formations agricoles de Vire. Il rencontre un collègue qui lui transmet sa passion pour les végétaux. Il s'adresse alors à un pépiniériste pour travailler quelques mois. Il y reste finalement quatre ans et devient responsable de la production hors-sol des pépinières Genettais, à Saint-Contest (14), où il gère 7 hectares de plantes et une équipe de salariés. « Même si la production était très diversifiée, je voulais toutefois élargir mes domaines de compétences, apprendre autre chose », souligne-t-il.

À la recherche d'une éventuelle anomalie

Avec quelques années d'expérience en poche, Thierno devient technicien d'expérimentation au CDHR Centre en 2012. Il intègre l'équipe de Mireille Savajols, directrice de la station. Sa mission principale : assister la responsable technique, Sophie Bresch. Il est également en charge des essais labellisés « Bonnes pratiques expérimentales » (BPE). Le comité de développement horticole joue le rôle d'interface entre les acteurs du végétal et les entreprises de production. Il teste et développe les méthodes, les stratégies, et les produits de la filière. Il pratique des essais pour le compte des adhérents, dans le cadre du réseau Astredhor, et aussi pour des firmes (*).

Pour l'implantation des essais, tout commence par la lecture du protocole. La responsable de l'expérimentation est en relation avec les firmes. Thierno Sy obtient ce protocole, le lit attentivement et le décrypte (les moyens d'arrosage ou de traitement, la disposition des pots... chaque détail compte). Il faut ensuite commander les plants puis rempoter... « Jusque-là, c'est le même métier qu'en production dans une pépinière », compare-t-il. Après, place au suivi. Chaque étape est respectée à la lettre. Toute intervention est minutieusement notée sur un cahier. « Il faut laisser une trace de tout ce que l'on fait. » Tous les matins et tous les soirs, le technicien inspecte chaque pot, chaque plante, à la recherche d'une éventuelle anomalie. À la fin des essais, il consigne l'ensemble des notations (diamètre, longueur, nombre de feuilles...) mesurées. Après cette longue et fastidieuse opération, il rédige minutieusement le compte-rendu. Pour mener à bien cette mission, il faut être organisé. La semaine débute par une réunion que Thierno Sy anime. Il attribue aux salariés, stagiaires et apprentis (six personnes) des tâches pour chaque demi-journée ou journée. Chacun connaît son rôle. « Il faut aimer le travail en équipe. On est tous solidaires. »

En parallèle du suivi des essais, le technicien a d'autres missions. La journée du lundi se poursuit avec les observations destinées au Bulletin de santé du végétal (BSV). Sur une parcelle du CDHR Centre, Thierno Sy surveille les ravageurs ainsi que les maladies et juge de l'état sanitaire des plantes. Il est l'un des dix-neuf professionnels impliqués dans le réseau d'épidémio-surveillance. Au cours de la semaine, il ira peut-être suivre les journées de l'Astredhor. Et plus largement, il est en charge, avec un stagiaire, de l'aménagement et de l'entretien de la station. Il s'occupe également de l'encadrement des saisonniers lorsqu'un adhérent a besoin d'une prestation de service en production.

« C'est un métier où l'on est autonome. Il faut avoir le sens des responsabilités et savoir se débrouiller lorsqu'on rencontre un problème », précise-t-il. Cadre, il effectue sa mission sans compter ses heures de travail. Certains weekends, il est de permanence pour vérifier que les plantes ne manquent de rien. « Ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est la mixité entre la production et la recherche appliquée. Mais j'aspire à plus de responsabilités. Pourquoi pas développer l'horticulture au Sénégal ? »

Aude Richard

(*) La relation avec les firmes concerne aussi bien les essais publics que privés.

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